dimanche 13 avril 2014

L'ombre d'un doute....

L'enfant aux cailloux (Sophie Loubière)







J'ai choisi ce roman en passant devant les nouveautés du rayon romans policiers de la Fnac. Je ne connaissais pas du tout cet auteur mais j'avais vu sur le net que ce roman avait de bonnes critiques..... la curiosité m'a don amenée à lire la quatrième de couverture et j'ai alors eu envie d'en savoir plus. De plus, 
le thème de l'enfance maltraitée faisait écho à d'autres romans que j'avais lus dernièrement et je trouve qu'il est toujours intéressant de voir comment différents auteurs perçoivent un même thème et le font vivre au travers d'histoires différentes.

Dans la première partie du roman l'auteur nous fait rencontrer Elsa, une petite fille étrange qui semble avoir la faculté de parler aux fantômes. Le style est d’emblée très rapide et les chapitres très brefs (2 ou 3 pages) se succèdent très vite, la petite fille grandissant à vive allure.... Elsa devient Mme Préau, une directrice d'école séparée de son mari, maman d'un petit Martin qui va grandir en quelques lignes et faire d'elle la grand-mère d'un petit Bastien. Cette partie de l'oeuvre se termine sur un drame touchant Bastien et laissant planer une part de mystère. 

Nous retrouvons Mme Préau dans la deuxième partie du livre alors qu'elle est une vieille dame qui réintègre sa maison d'enfance après un placement en institution par rapport auquel nous nous interrogeons. Dans cette grande maison Mme Préau est confrontée à la solitude et occupe donc son temps à espionner ses voisins et notamment les enfants qui jouent dans la maison d'en face. C'est là qu'elle remarque quelque chose d'étrange et d'alarmant: deux des enfants jouent normalement dans le jardin alors que le troisième, âgé de 7-8 ans, ne sort que le dimanche, est sale et rachitique et joue seul dans son coin avec des cailloux. Ni une ni deux, Mme Préau surnomme ce garçonnet, qui ressemble à s'y méprendre à Bastien, "l'enfant au cailloux" et décide de lui venir en aide en signalant ce qu'elle pense être un cas flagrant de maltraitante aux autorités. Très méticuleuse, Mme Préau note le moindre détail de ses observations dans un  carnet mais, malgré le compte-rendu plus que fourni qu'elle donne aux services sociaux, ces derniers vont se révéler d'aucun secours.... et pour cause: l'enfant n'a aucune existence légale, n’apparaît sur aucun document et n'a jamais été vu de personne d'autre !!

Nous voilà donc confrontés à une interrogation: cet enfant existe-t'il réellement ou bien uniquement dans la tête de Mme Préau?

Nous voilà plongés dans un suspens original: que se passe-t'il réellement chez les voisins de Mme Préau? La vielle dame est-elle atteinte d'un début de sénilité? D'un délire psychotique? La solitude lui a-t'elle fait perdre la raison, la poussant à se créer un univers imaginaire plus exaltant que sa petite vie de routine ennuyeuse?
Et qu'en est-il de son passé? Des bizarreries que faisait la petite Elsa? Du mystère qui plane autour de Bastien et de ce qui lui est arrivé?

Toutes ces questions trouveront peu à peu des réponses dans les deux dernières parties du roman qui ne manqueront pas de nous réserver bien des surprises....

Outre la maltraitance envers les enfants, l'auteur aborde dans cette oeuvre d'autre thème sociétaux et notamment les relations entre mère et fils et l'impact que celles-ci peuvent avoir sur la vie et l'équilibre de l'enfant. En effet, par le biais de Martin, fils de Mme Préau et deuxième personnage principal, Sophie Loubière nous montre qu'une mère déséquilibrée psychologiquement emprisonne son enfant dans une relation néfaste. Ainsi, Martin n'a que deux choix vis à vis de sa mère: couper les ponts ou s'aliéner à elle au risque de gâcher sa propre vie. La relation, ou pluôt l'absence de relation père/fils est également évoquée et très bien résumée en une simple phrase: "l'absence de père bride la confiance en soi". L'auteur va également aborder les relations de couple, comment un couple peut-il tenir malgré les épreuves, les drames, traumatismes et la relation particulière qui enchaîne le fils à sa mère. Enfin, Sophie Loubière nous parle de troubles psychologiques mais aussi de la solitude et de l'impact que celle-ci peut avoir dans la vie de la personne qui en souffre mais aussi de se fils qui, par devoir, se sent dans l'obligation de faire acte de présence dans la vie d'une mère qui pourtant, selon lui, ne le mérite pas.

Bilan: 

Le thème du livre et le suspens qui s'y rattachent sont intéressants et font malheureusement partie de sujets sociétaux actuels. La façon dont est menée l'histoire est quant à elle tout à fait originale. Le fait que l'héroïne soit une vieille dame sort déjà du commun mais de plus, en évoquant son personnage principal comme "Mme Préau" et non par son prénom, l'auteur nous distancie de celle-ci et nous positionne réellement comme observateurs extérieurs..... nous voici donc, au même titre que Mme Préau, derrière un rideau en train d'espionner les voisins. Ce procédé nous empêche également de trop nous identifier à Elsa Préau et donc de prendre parti pour telle ou telle thèse concernant les différents mystères du récit. Ainsi le lecteur n'est pas du tout dans l'attachement et l'empathie ce qui lui permet de garder un regard neutre et extérieur et de se faire son propre jugement sur le contenu des faits relatés par Mme Préau.

Le style littéraire, à l'image des chapitres, est très bref et rapide. L'auteur délivre beaucoup de détails qui, liés les uns aux autres, donnent à des situations, qui seraient anodines prises séparément, un sens bien particulier au fil de l’enchaînement des événements. Et c'est à la vitesse grand V que ceux-ci s'enchaînent !! Le récit est troublant et dérangeant mais l'écriture est tout aussi étonnante..... la rapidité de la plume qui va directement à l'essentiel sans toute fois négliger les détails, peut-être déroutante. Ce style littéraire semble être utilisé ici pour ajouter à la pression liée au mystère du récit et aux multiples interrogations qui vont "torturer" le lecteur jusqu'au dénouement final. 

Ce roman se lit vite, l'intrigue est accrocheuse et le style littéraire facile cependant cette plume un peu "bousculante" n'est pas vraiment ce que je préfère.

J'ai bien aimé ce roman et n'en regrette pas la lecture cependant il ne fait, selon moi, pas partie des indispensables du genre.

Petite dédicaces spéciale:

Merci à mon amour de mari d'être allé "à la chasse aux cailloux" pour que je puisse illustrer cet article d'une jolie photo..... je t'aime chéri, tu es le meilleur ;)






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